Les pères « intermittents »

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L’adjectif peut surprendre, voire choquer certains.

Pourtant il m’est venu spontanément à l’esprit en écoutant certaines situations familiales, où les parents sont séparés, et ce depuis la petite enfance de l’enfant, et où c’est la mère qui a la garde exclusive..

Je ne souhaite pas m’attarder sur  la narration d’histoires douloureuses qui ont amené certains pères à ces apparitions à éclipse auprès de son enfant. D’abord parce que je n’ai eu chaque fois que la version de la mère, et /ou de l’enfant. Ensuite, parce qu’il ne s’agit pas d’incriminer le père seul, la mère peut elle aussi avoir sa part de responsabilité : refus de faire reconnaître l’enfant par son père, rejet de l’ancien amant, exclusion de celui-ci de la diade mère-enfant, jalousie à l’égard du nouveau couple que le père aurait construit, etc… Enfin parce que je choisis, ici, de me placer du point de vue de l’enfant.

Quand le père promet une visite, ou de prendre son enfant une journée, et qu’il se décommande, pire encore quand il ne vient pas au rendez-vous, quelle déception pour l’enfant ! Il ne s’agit pas d’un contre-temps qui provoquerait une contrariété. Non ! il est question de trahison, ni plus ni moins. L’enfant attendait cette présence paternelle comme une réponse à son besoin de reconnaissance (« j’existe pour lui, je compte pour lui »), réponse à son besoin d’affection (« Mon papa à moi, mon papa qui m’aime »), réponse à son besoin d’ouverture (« avec papa c’est différent d’avec maman »), réponse à son besoin social d’être comme les camarades de crèche ou d’école (« moi aussi, j’ai un papa »). Et il a été oublié, abandonné, humilié, déconsidéré …

Je fais abstraction volontairement ici de la responsabilité du père, de son rôle d’éducateur et de tuteur. Il ne s’agit même pas de cela.

La situation la plus perturbante que j’ai rencontrée, c’est le cas d’un papa qui n’a pas reconnu sa petite fille, et qui fait une apparition « merveilleuse » tous les 6 à 12 mois auprès d’elle, sans prévenir ni la mère, ni bien sûr la petite fille. D’abord séduite et comblée, elle passe les mois suivants dans une attente fébrile, puis exacerbée au fil des mois, et finalement de plus en plus angoissée (« il m’a oubliée, il ne m’aime plus, … »).  Dans le cas que je cite, la petite fille manifeste sa souffrance et son angoisse par des régressions, une grande tristesse et une passivité anormale. Ce père se rend-il compte de la souffrance infligée (torture ?) et des dégâts consécutifs ? Et la mère se mord les doigts d’avoir cédé à chaque visite, tiraillée entre la joie de son enfant rassurée et comblée de retrouver son père, et la gravité de son inconséquence.

Qu’il est difficile de se positionner pour une maman qui voit son enfant ainsi malmené, ou même manipulé comme un jouet qu’on prend et qu’on laisse ! Et pourtant il y a un message essentiel à donner à l’enfant : il n’est pas responsable de cette relation, et c’est le père qui est en défaut.

 

Mais les mots pour le dire ne sont pas aisés à trouver … Une tierce personne expérimentée peut aider à discerner ce qui est juste ou bon de ce qui ne le serait pas.