Quand des changements s’imposent au couple.
Quand un couple vient consulter en Conseil Conjugal, plusieurs séances sont souvent consacrées à laisser s’exprimer les difficultés et les ressentis de chacun, et en même temps à faire expliciter et clarifier la demande de l’un et de l’autre et/ou la demande du couple : Qu’est-ce qui les fait consulter et qu’attendent-ils de cet accompagnement ?
La demande peut concerner le désamour : un désenchantement – la fusion n’est plus, l’autre n’est pas celui qu’on croyait -, une lassitude devant la prévisibilité de l’autre et de ses limites, l’usure du quotidien devenu routinier et donc perçu comme ennuyeux, ou encore la perte du désir etc. Tout ceci peut être vécu par l’un des deux conjoints seulement.
La demande peut survenir au travers d’une crise majeure : l’arrivée d’un enfant, un changement professionnel, des violences, des infidélités de nature diverse, la révélation d’un évènement dramatique du passé, un deuil, la perte de son travail, la stérilité, une addiction, etc., autant d’événements qui secouent le couple et/ou viennent révéler son malaise.
Elle peut également être amenée par des difficultés de communication. On ne se comprend pas, on ne parvient pas à se dire les choses importantes, on est maladroit, on ne gère pas ses émotions…
Enfin, la demande peut survenir suite à une difficulté à repérer, voire accepter les différences de fonctionnement ou de caractère, la différence éducative, culturelle ou religieuse, les attentes différentes de l’un et de l’autre.
D’autres demandes encore peuvent surgir, tant est complexe la psychologie humaine et celle du couple. La question n’est pas ici de faire une liste exhaustive mais d’explorer le moment de l’accompagnement où le couple s’interroge: « Nous avons pu nous dire l’un à l’autre ce qui ne va pas, et maintenant que faisons-nous ? Avons-nous envie de redémarrer et/ou de reconstruire une vie conjugale satisfaisante ? Ou bien envisageons-nous une séparation ? ». Ce moment est un vrai tournant dans la thérapie.
Dans le cas où le couple désire continuer, il est essentiel que chacun « bouge » quelque peu. Il n’est pas possible d’en faire l’impasse.
S’adapter l’un à l’autre ou s’adapter à une nouvelle situation, c’est être vivant. Accepter de modifier sa façon d’être présent à l’autre et sa façon de lui dire son amour, c’est être en relation. Essayer de comprendre le point de vue de l’autre et accepter sa part de responsabilité, c’est se remettre en cause. Apprendre à écouter et communiquer, c’est changer en profondeur. Pardonner une faute, c’est redonner chance au couple. Prendre la décision de changer, engendre une dynamique.
Hervé, nostalgique mais conscient de la nécessité pour son couple de réviser son fonctionnement, me disait au bout d’une quinzaine de rencontres: « il va falloir changer des choses, cela sera difficile et notre vie ne sera plus comme avant … elle sera autre ». D’autres couples, mus par le profond désir de sauver leur union, font feu de tout bois : thérapie de couple et thérapies individuelles, visites chez le sexologue, changement professionnel, voyage en amoureux, activités communes…
Certains voudraient que l’autre change sans se remettre eux-mêmes en cause. Catherine exige de son compagnon : « C’est à toi de faire des efforts pour que je reste avec toi.» Et Thomas constatait avec découragement « Marie, tu ne veux rien changer, tu as toujours raison et moi toujours tort, on ne s’en sortira pas ».
On n’a de pouvoir de changement que sur soi-même, et c’est déjà un petit pas en avant. Je cite les propos de Sandrine, venue consulter seule, qui me fait part de sa découverte : « j’ai changé des choses dans ma façon d’être avec mon mari, de petites choses, mais cela l’a fait évoluer ».
Je propose deux citations pour illustrer ce texte
« La porte du changement ne peut s’ouvrir que de l’intérieur, chacun en détient la clé. » Jacques Salomé
« Un changement en prépare un autre. » Nicolas Machiavel